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Plus la technologie médicale se penche activement sur la qualité de ses propres produits, et moins l’Etat doit intervenir

20.06.2017

Dr méd. Ignazio Cassis, Député du Conseil National et Président de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique, nous parle de sa vision de la technologie médicale.

Implants Suisse: Monsieur Cassis, à votre avis, quelle est l'importance de la technologie médicale pour la Suisse?
Dr. méd. Ignazio Cassis: Contribuant à hauteur de 2,2% au produit intérieur brut (14,1 milliards de francs), la branche est un important facteur de prospérité. La technologie médicale est non seulement indispensable pour nos patients, mais elle édifie aussi un pilier de la recherche et de l'innovation. Occupant 54 500 collaborateurs, elle constitue de plus un important acteur de notre marché du travail et représente une branche à l'export en pleine expansion. La technologie médicale est une perle de l'économie suisse.

Implants Suisse: La branche de la technologie médicale s'engage afin que chaque patient, indépendamment de son âge ou de ses moyens financiers, puisse avoir accès à l'implant qui lui convient le mieux. Quelle est votre position à l'égard de cette initiative?
Dr. méd. Ignazio Cassis: En principe positive, à une nuance près. Il convient de ne pas oublier que les moyens financiers de la collectivité ne sont pas illimités. Le marché de la santé obéit à un principe de solidarité obligatoire : tout-un-chacun ne dispose pas de tout, mais au contraire à chacun selon son dû. J'entends par là l'indication médicale et la prise en compte d'un rapport coût-bénéfice raisonnable (évaluation ETS). La situation financière de la population joue bien-sûr un rôle : le financement obligatoire du système de santé - et donc aussi des produits de la technologie médicale - ne peut pas être source de pauvreté pour la classe moyenne.

Implants Suisse: Par la création du registre des implants SIRIS, la branche de la technologie médicale s'engage en faveur d'une plus grande transparence au bénéfice de la sécurité des patients. Quelle est votre évaluation à propos de tels projets ?
Dr. méd. Ignazio Cassis: Très positive ! Plus la technologie médicale se penche activement sur la qualité de ses propres produits, et moins l'Etat doit intervenir. En principe, j'estime qu'une autorégulation est plus efficace, rentable et ciblée qu'une règlementation technocratique. L'autorégulation est gage de liberté et signe de responsabilité.

Implants Suisse: Que font actuellement les responsables politiques afin de préserver l'attractivité de la Suisse à titre de pays favorable à l'innovation, notamment pour la technologie médicale?
Dr. méd. Ignazio Cassis: Pour moi qui suis un représentant de la vision libérale de l'économie, les responsables politiques doivent avant tout réunir des conditions-cadres stables octroyant aux entreprises la plus grande liberté possible. J'attends de vous en retour que vous assumiez votre responsabilité sociale. Pour moi, des conditions-cadres favorables, ce sont la stabilité politique, la certitude juridique, la qualité de l'infrastructure, la formation duale et l'excellence de nos hautes écoles, un marché du travail flexible, une bonne place financière et une imposition équitable. Concrètement, je me bats au quotidien contre l'avalanche réglementaire et les nombreuses initiatives populaires de la gauche et de la droite qui constituent un frein à l'économie et veulent isoler la Suisse.

Implants Suisse: Des pays industrialisés aux budgets de santé en baisse, des pays en développement affichant d'importants besoins de santé et peu de moyens financiers, combien de temps la Suisse, où le niveau des prix est élevé, pourra-t-elle encore produire des articles de technologie médicale pour le monde?
Dr. méd. Ignazio Cassis: Les marchés internationaux sont suffisamment importants pour permettre la commercialisation de produits de technologie médicale de haute qualité. Il incombe ici aux responsables politiques de veiller à l'établissement de bonnes conditions-cadres à l'export (accords de libre-échange). Mais la pression budgétaire augmente et les premiers signes de notre société post-croissance se font sentir. Je déconseille à la branche de vouloir réaliser à court terme le maximum de bénéfices au risque de déséquilibrer ainsi les systèmes de santé. Ce faisant, elle scierait la branche sur laquelle elle est assise. En revanche, l'innovation est à l'honneur : c'est elle qui doit permettre la conception de produits de qualité et abordables.

Implants Suisse: Les ajustements législatifs de la Suisse aux nouvelles réglementations européennes appliquées aux dispositifs médicaux (MDR) et aux dispositifs de diagnostic in vitro (IVDR) représentent un obstacle majeur pour bon nombre de PME. Estimez-vous que ces règlements massifs apporteront vraiment une valeur ajoutée en termes de sécurité des patients ou constitueront-elles avant tout un frein à la recherche et à l'innovation?
Dr. méd. Ignazio Cassis: Ces règlements sont rarement sources de valeur ajoutée pour la sécurité des patients et sont à l'origine du foisonnement des formalités et de coûts supplémentaires. Bref, une mauvaise affaire pour les patients ! Mais ils protègent en revanche les fonctionnaires et les responsables politiques. Toute réglementation a pour but d'empêcher ou de corriger les défaillances du marché. Plus la méfiance augmente à l'égard de la branche et plus l'Etat veut réglementer sous la bannière de la transparence ! Et les résultats sont toujours les mêmes : des procédures encore plus formelles associées à des tracasseries administratives supplémentaires. Il en va de même dans le secteur de la santé. On remplace la confiance par les procédures. Il convient de lutter à tout prix contre ce cercle vicieux par une autorégulation positive et des mesures inspirant la confiance. Il s'agit de la seule manière de prévenir l'adoption de directives européennes nocives et leur intégration aux normes suisses. Cette approche est la seule à même de permettre aux entreprises de conserver leur liberté et leur marge de manoeuvre.

 

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Ignazio Cassis

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